Le Détective Public...

La Maison sur la Colline

Il sortit finalement de la ville et s'engagea dans une petite route de terre mal éclairée. Des deux côtés de la route, j'apercevais vaguement les silhouettes squelettiques d'arbres morts sur les branches desquels étaient précairement juchés de nombreux corbeaux et plusieurs hiboux. En haut d'une petite colline à ma droite se dressait une vieille maison délabrée qui apparaissait comme collée devant l'immense pleine lune juste derrière. Comme par hasard, le sympathique chauffeur de taxi prit cette direction en me faisant un clin d'oeil au beurre noir dans son rétroviseur. Cela me remonta un peu le moral!

Il s'arrêta finalement devant la porte principale de la vieille bicoque et je débarquai alors prestement du taxi pour m'enfoncer jusqu'aux genoux dans une flaque de boue. Après m'être extrait péniblement de la flaque, je m'avançai lentement vers la maison mais, par un malencontreux hasard, mes semelles rendues glissantes me permirent d'admirer de très près une magnifique haie de rosiers sauvages dans laquelle je m'affalai de tout mon long.

Pendant que je m'extirpais de ma situation épineuse, j'entendis derrière moi le rire tonitruant du chauffeur de taxi. Ça fait toujours du bien de rencontrer quelqu'un qui a un bon sens de l'humour! Je finis par m'approcher suffisamment de la maison pour voir que la moitié des fenêtres manquaient alors que celles restantes avaient sûrement servies de cible à un habile lanceur de cailloux. Par contre, la porte était verrouillée à clé!

Après m'être escrimé durant deux heures à essayer de forcer la serrure à l'aide de mon kit du parfait cambrioleur comme on voit dans les films (j'avais pris mon kit dans un marché aux puces), je remarquai une clé à travers le paillasson, pourri et plein de larges trous, sur lequel était écrit BI N N E. Les derniers propriétaires étaient sûrement de grands amateurs de fèves au lard! La clé s'adaptait parfaitement à la serrure et je pénétrai aussi silencieusement que possible dans la vieille maison, ce qui était assez difficile étant donné la porte qui grinçait, le plancher qui craquait et mes dents qui claquaient. De plus, comme je n'avais pas mangé depuis l'épisode précédent, des grondements forts curieux émanaient de mon ventre mais heureusement ils étaient habilement camouflés par le bruit de mon coeur qui battait la chamade.

Plus j'avançais, plus je sentais que l'absence de présences en ces lieux n'était qu'un leurre et que, de plus, j'avais oublié d'utiliser mon anti-sudorifique ce matin. J'arrivai alors dans une petite pièce sombre. Entendant derrière moi des pas pesants, je fus rasséréné en pensant que c'était sans doute mon ami le chauffeur de taxi qui venait me porter assistance. Dans l'ombre devant moi se tenait un sombre individu.

Prenant son élan, il voulu m'assener un magistral coup de poing dans le bas-ventre mais grâce à une habile perte d'équilibre de ma part, son coup dévia et il atteignit l'horloge de plein fouet. Elle en resta sonné! J'en profitai pour jeter un coup d'oeil sur ma montre, il était toujours 88:88! Décidément, il faudrait vraiment que je pense à la changer cette pile. Je me tournai alors vers le chauffeur de taxi qui partit alors d'un autre grand rire et grâce à sa dent en or, je vis le reflet d'une forme vague qui s'apprêtait à m'assener un coup de matraque. Je pivotai rapidement sur la gauche et instantanément dirigeai mon poing droit vers l'endroit où aurait dû se trouver la mâchoire de mon assaillant. Malheureusement, comme je m'en rendis compte plus tard, la dent en or du chauffeur était creuse et le sinistre individu qui m'assaillait était de l'autre côté. Mon poing rencontra le vide en faisant un bruit creux.

Cela me laissa fort perplexe tandis que je sombrais dans l'inconscience, assommé d'un coup de matraque.

Guy


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