Le Détective Public...

Je Visite les Aires

Quittant subrepticement la pièce enténébrée, je m'aventurai à tâtons en m'éloignant quand je remarquai soudain le silence assourdissant qui m'entourait. En effet, je n'entendais plus l'Opéra de Carmen depuis au moins le milieu de l'épisode précédent. Tant mieux! Mes oreilles en avaient justement plein le dos et j'avais eu énormément de mal à me concentrer avec toutes ces MAJUSCULES au beau milieu de l'action!

Je poursuivi mon chemin en tâtonnant et je déboulai alors doucement le premier escalier venu et me retrouvai la tête la première dans un immense tas de fumier. D'après le goût, c'était du fumier de mouton. Que faisait donc un tas de fumier de mouton au beau milieu d'une pièce de la cave d'une vieille maison délabrée qui apparaissait comme collée devant l'immense pleine lune juste derrière?

Comme aucune réponse ne vint, je me résolus à continuer à explorer les autres pièces autour de moi. J'allumai alors ma lampe-torche (qui fait partie de mon canif scout miniature) et je commençai mon examen des lieux. Derrière le tas du fumier se trouvait une petite porte qui menait dans un vaste entrepôt où étaient entassés des milliers de bouquins et revues de toutes sortes. Je sentais derrière moi la présence d'un curieuse odeur qui me poursuivait de pièces en pièces et dont je ne parvenais pas à discerner l'origine.

La pièce suivante comportait des miroirs sur toutes ses surfaces, même le plancher! Je me voyais de face, de dos, de haut, de bas, en diagonale et en sous-vêtements. Au bout d'une heure, je finis par trouver une sortie et débouchai dans une pièce où d'énormes tas de bonbons et friandises de toutes sortes jonchaient le sol. J'avais sûrement affaire à des trafiquants de sucreries ou encore à un diabétique paranoïaque! Je remarquai au fond de la pièce un escalier qui menait probablement vers l'étage supérieur, puisqu'il allait vers le haut. Je décidai de l'emprunter avec la ferme intention de le remettre dès que je n'en aurais plus besoin.

C'est exactement ce moment-là que ma lampe-torche choisit pour me laiser tomber. Je me relevai tant bien que mal en songeant que j'aurais dû acheter une pile neuve au lieu d'y mettre l'ancienne pile de ma montre! Directement devant moi se trouvait un immense corridor dont la longueur n'avait d'égale que la totale noirceur. Pourtant, de temps à autres, des éclairs me permettaient presque d'évaluer la distance qui me séparait de l'autre bout. J'avais presque décidé d'avancer ou de rebrousser chemin lorsque j'entendis soudain des pas qui s'approchaient.

Mon oreille exercée de détective m'indiqua qu'il s'agissait de ceux du chauffeur (obsédé par sa montre) de ma Vénus à bras, qui venait dans ma direction. Je me reculai dans l'ombre et, à la lueur d'un éclair qui pénétrait par l'un des nombreux carreaux cassés le long de l'immense corridor, je vis qu'il s'agissait plutôt de mon truand! Comment faisait-il pour marcher exactement comme le chauffeur de ma Vénus à bras? Il avait sûrement arraché de force les chaussures de ce pauvre homme afin de mieux me berner. Peut-être aussi était-ce à cause du fumier de mouton que j'avais encore dans les oreilles!

Caché dans une encoignure, je le vis s'approcher de l'escalier qui descendait vers la pièce remplie de friandises que j'avais précédemment visitée. D'un habile croc-en-jambe (aussi appelé jambette), je le fis s'affaler de tout son long dans les premières marches de l'escalier, dont il ne tarda pas à connaître le nombre exact en comptant les tocs que faisait sa tête en heurtant chacune des marches jusqu'en bas. Il tomba face la première dans un immense tas de SmartiesTM dont plusieurs pénétrèrent dans ses divers orifices visibles, notamment ses narines.

Je profitai de sa confusion pour le fouiller et le ligoter discrètement. Quand il eut un peu repris ses esprits, je lui posai subtilement quelques questions vagues afin de ne pas le rendre soupçonneux. Où avait-il mis le cadavre? Qu'avait-il fait de l'arme du crime? Qui était son complice? Etc?

Malheureusement, il se rendit quand même compte que je voulais lui tirer les verts du nez (je voulais garder les rouges pour la fin). Il me demanda alors ce que signifiait toutes ces insinuations à son égard. Je lui répondis que je ne voulais absolument rien incinérer par là.

Je crois qu'il n'y vît que du feu!

Guy


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