Le Détective Public...

Les Friands Disent

Comme il ne voulait absolument pas coopérer, je me résolu à continuer mon enquête malgré tout. Je craignais pourtant qu'il ne se mette à crier dès que j'aurais le dos tourné. Je lui fourrai donc dans la bouche tout un assortiment de gommes à mâcher et de sucettes bon marché par-dessus lesquelles j'ajoutai une généreuse portion de caramels mous.

Il paraît qu'il est assez difficile de parler, encore moins de crier, dans ces conditions. En tous cas, c'est ce que ceux qui en sont friands disent.

Afin de mieux brouiller les pistes, je décidai de revenir sur mes pas à reculons en suivant l'odeur que j'avais laissée derrière moi et qui maintenant me précédait. Y pas a dire, le bras de la Justice à le nez fin! Je sortis donc de la pièce aux friandises pour retourner dans celle des miroirs. Malheureusement, comme je reculais, j'ai dû tourner à gauche au lieu d'à droite, ou vice-versa, quelque part et je me retrouvai dans une immense piscine remplie de JelloTM à la saveur de cerises. Nageant, tant bien que mal, vers l'autre bord de la piscine, je parvins finalement à m'en extraire et je me laissai sécher un moment.

Comme je repartais, je remarquai que la curieuse odeur avait cessée de me suivre mais qu'elle avait été remplacée par une intense odeur de fruits. Je fus poursuivi pendant un bon moment par une armée d'énormes mouches mais elle disparurent tragiquement lorsque je traversai une pièce remplie de plantes carnivores. Je faillis y rester moi aussi mais je ne dû mon salut qu'au fait que ma première odeur avait repris le dessus et que c'est bien connu que les amanites tue-mouche sont de fines bouches, mais ont l'estomac fragile.

Je continuai ainsi de pièces en pièces; l'inventaire complet de ce que j'y trouvai est laissé à l'imagination du lecteur et à la plume des prochains auteurs. Fatigué, je m'arrêtai finalement dans une pièce complètement inoccupée où d'immenses montagnes de néant voisinaient d'énormes tas de vide.

Je songeai alors à toutes les pièces que j'avais visitées et dans lesquelles un nombre incommensurable d'objets hétéroclites se trouvaient. La plupart étaient sans doute volés et j'étais sûr que si je continuais ma quête, je finirai par faire d'encore plus sombres découvertes.

Je repensai alors au truand que j'avais ligoté discrètement; je n'avais pas encore pris la peine d'examiner le résultat de ma fouille. Parmi tout ce que je lui avait substitué (dont plusieurs vieux KleenexTM passablement usagés) un objet en particulier attira mon attention; c'était une feuille de papier sur laquelle était griffonnée une exorbitante demande de rançon et où était collée une photo couleur de mon canari dans sa cage!

Non, je n'avais pas seulement affaire à de vulgaires trafiquants ou même à un club de racketteurs! C'était encore pire, je faisais face à un groupe de canaridnappeur! Le prêteur sur gages où j'avais laissé mon canari était donc acoquiné avec mon truand. De plus, à travers les effluves de fumier de mouton et les relents de cerises, mon flair infaillible décela sur la feuille une odeur maintenant familière de Havane et de crêpes de Chine aux melons.

Mon tour ne fît qu'un sang! C'était la goutte qui mettait le feu aux poudres! L'étincelle qui faisait déborder le vase! Ils allaient voir de quel bois était fait le chien de ma chienne!

Guy


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