Le Détective Public...

La Livraison Manquée

Je voyais le bateau, une vedette vert kaki, s'approcher rapidement, mais je ne croyais pas que ses occupants m'aient vu. Je sorti mon canif scout miniature et en extirpai les jumelles 12X intégrées.

En examinant le bateau qui venait vers moi, je remarquai la mine patibulaire de ses divers occupants ainsi que leur arsenal particulièrement impressionnant, même vu à travers mes minuscules jumelles.

C'était sûrement des pirates ou des trafiquants de gougounnes! Je devais absolument leur échapper! Prenant mon courage à deux mains et mes rames de l'autre, je ramai de toutes mes forces vers le rivage que j'apercevais au loin.

Malheureusement, le sillage formé par mon déplacement provoqua une vague déferlante qui fit presque basculer la vedette et cela attira irrémédiablement l'attention de ses occupants sur moi. J'eus à peine le temps d'atteindre le rivage et de me sauver avec une partie de la cargaison qu'ils m'abordèrent, accostèrent, m'accusèrent, me rattrapère, m'interrogèrent, me ligotèrent, me jugèrent et me baîllonnèrent mais pas nécessairement dans cet ordre.

J'avais beau la cacher derrière mon dos, ils remarquèrent tout de même la caisse dont je m'étais emparé en m'enfuyant précipitamment de la chaloupe. En la fouillant, ils découvrirent, non pas des souliers, sandales et bottines de toutes sortes comme je m'y attendais, mais plutôt des dizaines de boîtes de cigares.

Quelqu'un s'était trompé de caisse! Ou encore pis, quelqu'un avait probablement tenté d'abuser de Thérésa, ma Vénus à bras! Que penserait de moi le pauvre Manuel D'Instructionne, l'ami de Thérésa que je devais voir aussitôt arrivé sur l'île.

Je fus accusé de tentative d'importation illégale d'une boîte de faux cigares cubains (les autres boîtes semblaient être disparues en fumée). Durant tout le procès, je ressentis cruellement l'absence de mon ami fidèle, le chauffeur de taxi. Je suis sûr qu'il aurait pu me remonter le moral à l'aide de son grand rire si sympathique.

Je fus condamné aux travaux forcés dans les profondeurs des mines cubaines. Je travaillai d'abord dans une mine de crayons des abords de Copacabanon, ensuite dans une mine renfrognée non loin de Sandal del Caoutchouc et finalement dans une mine de rien d'où je réussis finalement à m'enfuir en catimini.

Malheureusement, J'eus une crevaison et je dû continuer mon chemin à pieds jusqu'à la plage ou j'avais laissé ma chaloupe.

Je retrouvai la chaloupe et, fouillant les diverses caisses qui constituaient ma cargaison, j'y trouvai, non pas, les diverses chaussures mais des centaines de boîtes de cigares. J'avais pensé que la première caisse que j'avais emportée était peut-être un cadeau destiné à son ami Manuel et que toutes les autres caisses contiendraient bel et bien des chaussures pour tous les pauvres petits va-nu-pieds cubains. Malheureusement, ce n'était pas le cas, il n'y avait que des cigares, des cigares et encore des cigares.

La chaloupe une fois vidée, révéla la présence d'une forme blafarde, baignant dans l'eau glauque et croupissante sourdant lentement à travers le bois pourrissant et vermoulu (ça c'est du EAP!). La forme en question se révéla avoir déjà été un dépliant quelconque dans ses beaux jours mais son séjour dans l'eau lui avait rendu la vie difficile en tentant de le faire revenir à son état antérieur de cellulose. De plus, il semblait être écrit en une langue se rapprochant de l'espagnol et pour moi, c'était du chinois.

Je me résolu donc à tenter de retrouver l'ami de ma Thérésa, ce fameux Manuel D'Instructionne afin de lui faire part de mes problèmes et obtenir son aide.

Guy


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