Le Détective Public...

Le Départ

Évidemment le coffre avant d’une VolksWagen n’est pas ce qu’il y a de plus confortable mais comme la matinée était légèrement fraîche je me suis dit qu’au moins je n’aurais pas froid. J’entendis le moteur de la Volks démarrer tout de suite et je sentis une douce chaleur se répandre à l’intérieur de l’habitacle, accompagnée d’une agréable brise insipide, incolore et inodore. Je pensai alors à la gentillesse du chauffeur asiatique qui devait comprendre mon inconfort et devait vouloir me rendre le voyage plus agréable. Au bout de plusieurs minutes, et après un long et incontrôlable bâillement, je me suis rendu compte que la voiture n’avançait toujours pas. Je me suis dit que quelque chose n’allait pas. Mon chauffeur se serait-il fait agresser avant de pouvoir partir ? Dans ces pays, les gens ne sont peut-être pas toujours accueillants envers les immigrants. Je décidai donc de sortir du coffre et d’aller à son secours. Je sortis une minuscule boulette de plastique explosif de mon inséparable couteau Scout, la collai sur le dispositif d’ouverture du coffre et armai le détonateur.

AAAAAAAAAAAAAAAHHHiiii ! (Décidément j’avais du sommeil à reprendre et j’avais de plus en plus de mal à contenir mon envie de faire une sieste). Les spécifications du fabricant précisaient que l’explosif ne devait pas avoir d’effets sur plus de trente centimètres mais au moment de l’explosion, un petit éclat de métal me perça net l’oreille droite, rebondit sur le pneu de rechange, fit un triple saut périlleux, suivi d’une vrille et d’un salto arrière, frappa le capot du coffre, transperça la batterie dont quelques gouttes de l’électrolyte se déversèrent sur ma main gauche. Instinctivement poussé par la douleur je portai la main à ma bouche et me brûlai très légèrement les lèvres au 2e degré ! . Si vous me rencontrez sur la rue et que vous remarquez mon pendentif à l’oreille droite, mon gant à la main gauche et une demi-douzaine de Lips Stick dans mes poches, veuillez ne pas poser de questions ! .

Le coffre s’ouvrit de lui-même et je pus m’en extirper facilement de même que l’épaisse fumée jaune produite par l’explosion. Je constate alors que mon chauffeur avait bel et bien été kidnappé puisqu’il brillait par son absence. De plus, la cérémonie du mariage était terminée et j’étais triste de n’avoir pas pu souhaiter mes meilleurs vœux aux nouveaux mariés.

N’ayant toujours pas l’adresse de Manuel D’instructionne, je me rendis à une boîte téléphonique qui se trouvait près de l’église et entrepris de la trouver dans le Bottin local. L’homme était certainement très connu dans le coin car je trouvai son nom écrit en grosses lettres dans les premières pages du Bottin. Il occupait à lui seul plusieurs pages et j’y trouvai toutes sortes d’informations intéressantes comme comment composer un numéro de téléphone, la liste des codes régionaux, le 411, une carte de la région etc. Malheureusement, mon espagnol étant ce qu’il est, je ne trouvai ni son numéro ni son adresse dans cette section mais la trouvai plutôt dans la liste alphabétique plus loin. Il habitait bien à Médépen , dans un riche quartier Arabe, sur la rue Raca Bicic et n’eus pas de difficulté à trouver l’endroit sur la carte du Bottin.

D’après l’échelle au 1/10000 j’estimai la distance que j’aurais à marcher. J’avais le choix entre passer par la route, soit environ 29.983 kilomètres ou par le bois en ligne droite, ce qui donnait environ 7.814 kilomètres. (Ma précision me laissa littéralement bouche bée !). J’opte donc pour la solution mathématique qui dit que le plus court chemin entre 2 points équidistants entre eux-mêmes est la ligne droite rectiligne. Étant donné aussi que plus une personne marche moins vite, moins la distance parcourue est plus grande, sauf quand sa vitesse approche celle de la vitesse de la lumière (ce qui est plutôt rare dans le cas d’une personne normalement constituée !), Je pus estimer que j’en aurais environ pour 44 minutes 17 secondes.

C’était malheureusement sans compter les nombreux périls que j’allais devoir affronter dans cette dense, humide et impitoyable forêt sub-tropico-amazonienne où la main de l’homme n’avait presque jamais mis les pieds !

Daniel


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